Ashérah : L’avènement de l’éternel Féminin

Peinture de Nathalie Dagenais

Permettez-moi de révéler un vieux secret, non seulement oublié, mais occulté volontairement depuis des siècles et des siècles par les religions patriarcales (elles le sont toutes) : Le culte de la Déesse Mère qui est le plus ancien de tous et sans contredit le plus authentique. On parle de dizaines de milliers d’années en tenant compte des découvertes archéologiques concernant les tous premiers peuples de la fin, mais possiblement du milieu du paléolithique, puis les Sumériens, les Grecs, les Celtiques, les Scandinaves, les Germains, les Hindous et les Chinois également.

La plus ancienne représentation de la Déesse Mère est une statue provenant du paléoasiatique appelée la Vénus de Willendorf et pouvant avoir près de 25,000 ans. Mais déjà une divinité féminine est représentée entre deux lionnes dans les peintures les plus anciennes de la culture de Nagada en Égypte, où d’ailleurs Isis a été vénérée plus encore que Osiris jusqu’au 6e siècle. Le site néolithique de Catalhöyük en Turquie, et remontant à une période de plus de 9000 ans, a révélé de nombreux indices du culte de la Déesse Mère. Les fouilles ont révélé que le nombre de déesses dépassait largement celui des divinités masculines qui éventuellement finirent par disparaître tout à fait avec le temps, ce n’est pas rien ! Les déesses n’ont jamais été aussi nombreuses et adulées que durant l’âge d’or de l’antiquité soit la conscience première des hommes de l’existence d’un principe divin. Elles sont Isis, Cybèle, Magna Mater, Déméter, Perséphone, Diane, Gaïa, Vénus, Aphrodite, mais également Éros, Storgê Philia et Agapè. Il y eut aussi Ptonia, Theron et Artémis et les Germains, de leur côté, avaient de nombreux rituels centrés sur la personne de Nerthus, leur Terra Mater. Plus tard, quand la chrétienté s’évertuera à tout saboter comme d’habitude, les Germains continueront malgré cela d’adorer la Terre, mère de tous les hommes au nom magnifique de Fira Modor. Si ni Dieu, ni Allah, ni Yahvé n’ont été déclarés mariés, Odin par contre avait une épouse répondant au nom de Frigg et en Islande, la Terre, tout comme Gaïa est désignée comme l’épouse d’Odin. Frigg apparaît aussi comme une grande déesse dans le mythe de Baldur.

Ces noms merveilleux ne sont-ils pas comme une caresse de velours sur la peau ? Dans l’hindouisme complexe et riche, la vénération des grandes déesses remonte à la période du Rig Veda qui nomme la puissance féminine, Mahimata, un nom qui se traduit par Terre Mère. Dans certains textes, la grande Déesse est appelée Viraj, la Mère universelle ou Aditi, la Mère des dieux ou encore Ambhrini, celle qui est née de l’océan primordial. Durga représente la nature protectrice de la maternité. Yaganmatriest un autre nom qui signifie Mère de l’univers en sanskrit. Les multiples divinités indiennes sont toutes considérées comme des facettes de la Mère universelle. L’énergie féminine, la Shakti, est considérée dans certaines écoles philosophiques comme la force motrice de l’univers. Chez les Mongols, Umaï est la Déesse Mère. Les taoïstes placent le grand principe Féminin du Yin en tout point égal à son opposé masculin le Yang. Les Chinois vénèrent Nuwa, celle qui créa l’humanité avec de la vase, et au Japon, le monde fut créé par un dieu Izanagi et Izanami, une déesse à égalité.

Un culte majeur

Plus haut, je stipule que Yahvé n’a jamais été marié ce qui n’est pas tout à fait exact. Le chercheur Thomas Romer enseigne dans son cours au Collège de France que le nom Ashérah désigne une déesse cananéenne, mais la grande majorité des historiens ont conclu qu’Ashérah était en fait la représentation d’un culte majeur, celui de la Déesse Mère.

Ainsi, le culte d’Ashérah précède tous les autres, mais il domine également celui rendu à Yahvé. Il est démontré maintenant que les anciens Hébreux étaient polythéistes, les Juifs ne formant qu’une communauté parmi d’autres. Éludée par l’Église, la vérité est donc que les prophètes de la Bible représentaient non pas LE courant religieux de l’époque, mais UN courant religieux, et qui plus est, en rupture avec la tradition polythéiste hébraïque. Dans les faits, la religion polythéiste des Hébreux était une monolâtrie avec leur dieu principal, Yahvé, entouré par d’autres dieux, opposés à ceux des autres, tels Zeus ou Osiris ; puis dans un second temps, sous diverses influences et par étapes, aussi lentes que successives, leur religion aurait évolué vers une forme de monothéisme, sans nul doute sous Abraham, le père du Judaïsme, mais avec plus de conviction à la sortie d’Égypte sous Moïse.

Et c’est là, qu’avec le monothéisme des Juifs, est né le patriarcat irascible, violent et cruel, se substituant au culte d’Ashérah. La Divine Mère fut oblitérée, occultée, condamnée avec force et même traitée de putain ! Réaction classique de tout vieux râleur frustré, fut-il Grand-Prêtre ! Yahvé est donc le Dieu des Juifs et rien de plus, au même titre que Thor était celui des Germains. Une mythologie de plus. Le nôtre, notre Dieu chrétien n’est qu’une importation des Juifs à la sauce romaine, d’où l’expression : judéo-chrétien. Habituellement appelée Dieu le Père ou Tout Puissant, on lui prête à peu près le même sale caractère que Yahvé, mais il est moins violent que le Dieu musulman Allah.[1] Ce sont tous les trois, formant la Triade des durs, des mâles implacables et vengeurs, à l’image des hommes qui ont déformé ces croyances à l’intention de leur peuple respectif afin de les terroriser et les manipuler. Probablement à leurs yeux, pour leur plus grand bien, qui sait ?

La question sera toujours la même. Dieu est-il vraiment l’un de ces flibustiers ? Ma réponse sera toujours la même. Jamais de la vie.

Depuis l’homme de la préhistoire jusqu’à l’arrivée du christianisme, le plus grand culte rendu était donc à la Mère, symbole de la fertilité, de la naissance, donc de la création. Yin, représentant le principe féminin est celui de la protection, de la mort et de la destruction. Yang, le principe masculin est guerrier et protège la création manifestée par la femme. Et qui plus est, ça se tient, même de nos jours. Il faudra alors qu’on explique non seulement l’absence totale et absolue de toute référence au principe Féminin dans les trois religions monothéistes patriarcales, mais en plus, cette obsession de cette Triade maudite à harceler, pourchasser, torturer et tuer un nombre affolant de femmes rappelant l’existence de ce principe.[2] Le culte de la Déesse Mère est universel et aussi ancien que l’humanité elle-même. Le culte de Dieu le Père est dominant, mais ne date que de trois, voire deux mille ans et il est à l’origine du plus grand nombre de massacres de gens innocents au cours des vingt derniers siècles.

Il fallait tuer Tonantzin

De nos jours, le culte de la Divine Mère risque encore une fois d’être détourné du Dieu universel qu’Elle est, même avec la résurgence de cette ancienne religion d’origine multiple, mais principalement druidique donc, celte, appelée la Wicca, une dérive moderne à saveur écologico-féministe selon certains, mais qui entretient un certain rapport avec le concept de la Divine Mère. Par contre, c’est loin de répondre à sa réalité. Au Mexique, Notre Dame de Guadalupe est en fait Tonantzin dans la mythologie aztèque, soit la représentation de la Déesse Mère. D’autres titres et attributs semblent lui être liés : Déesse de la nourriture, Grande Mère vénérée, Serpent, en tant que déesse aztèque de la Terre. Or, constatant que les Mexicains vouaient encore un culte à Tonantzin, l’Église en fit une Vierge mexicaine au teint basané pour bien s’assurer qu’un culte parallèle n’allait pas être rendu à cette impie, tout ce qui n’est pas chrétien étant impie de toute manière. L’Église a bâti une basilique criarde exactement au-dessus de l’ancienne pyramide de Tonantzin. Depuis sa création, l’Église à tout mit en œuvre pour détruire dans l’œuf, dans la cellule primordiale, le concept même du principe Féminin de la Divinité absolue et suprême.

La femme : une cible parfaite !

On pourrait revenir sur l’effacement systématique de toutes les autres croyances partout où l’Église passait et nous en aurions pour des pages et des pages à s’épuiser sur ce fléau. Mais ce n’est pas là sa pire ignominie. La femme aura été pendant des siècles et des siècles la cible prioritaire de l’Église.[3] Elle était une proie facile, incapable de se défendre, responsable depuis le début des Temps de tous les péchés du monde. Elle a la Beauté du Diable avec ses grands cheveux, son corps n’est que tentation, les Juifs l’ont répudié et l’Église n’est donc plus la seule coupable puisque les Musulmans la stérilisent comme si elle était elle-même un virus mortel.

« L’inquisition Espagnole s’attaque trop aux Juifs, ils doivent être un peu plus épargnés, alors qu’elle s’en prenne aux femmes, c’est la tradition, » disait alors le pape Innocenzo VIII en s’adressant au plus vil des inquisiteurs, Tomas Torquemada.[4] Ce fut accompli. Le Malleus Maleficarum[5] petit ouvrage décrivant comment découvrir la sorcière cachée sous les traits d’une femme normale, ainsi que l’ensemble des œuvres du Diable, aura contribué aux horreurs étalées sur six siècles et causé la mort d’un nombre effarant de femmes et difficile à quantifier, mais on peut aisément parler de millions. Nos braves islamistes psychotiques modernes eux n’ont pas encore terminé ! Mais s’il ne s’agissait que de morts : les souffrances infligées par la torture sont innommables. Si certains d’entre vous sont tentés de prétendre que tout cela n’appartient qu’au passé, voici ce que le pape démissionnaire Benoît XVI a écrit alors qu’il était le très récent cardinal Ratzinger, cet aimable Maître des descendants de l’Inquisition, le 12 mars 2009 et qui fut lu avec complaisance par le bon pape de l’époque, le pourtant très aimé Jean-Paul II. Je souligne le passage important qu’il écrit pour justifier les horreurs de l’Inquisition :

« [Dieu…] Donne à chacun de la compréhension pour les hommes d’Église qui, dans leur mission nécessaire pour la sauvegarde de la vérité, au nom de la foi et la morale, ont recouru eux aussi de temps à autre à des méthodes ne correspondant pas à l’évangile. »

Vous avez bien lu, tortures horribles, souffrances inqualifiables et morts atroces par le feu n’étaient donc rien d’autre que « leur mission nécessaire pour la sauvegarde de la vérité, au nom de la foi et la morale » ! Évidemment, personne n’a réagi à cette lecture !

Le Diable aux rousses

Petit aparté. Ce n’est pas sans surprise que j’ai pris connaissance d’un fait étonnant. Kathleen McGowan dans un superbe roman, Le livre de l’Amour (The Book of Love -2009), traite avec rigueur d’une lignée de femmes très particulières depuis Marie-Madeleine jusqu’à la comtesse Matilda de Canossa, la seule femme dont la statue est honorée au Vatican. Toutes ces femmes sont… rousses ! Dans son livre, Pourvu qu’elles soient rousses (2010), Stéphane Rose, commenté par Catherine Maillard, on lit :

« Les femmes rousses sont tuées en Égypte ancienne et en Afrique Noire, brûlées sur le bûcher pour sorcellerie sous l’inquisition en Europe… Mais alors d’où vient ce parfum sulfureux qui flotte dans leur chevelure incandescente ? De Lilith, la première femme peu docile d’Adam qui était rousse en partie. Comme d’autres figures féminines fortes de la Bible, dont Marie-Madeleine. Cet acharnement qui perdure dans le temps vient sans doute du fait que dans la pensée traditionnelle de l’Église, sa flamboyante chevelure était symbole de feu, associée aux enfers, aux forces débridées. Et donc… la tentation. La couleur carotte est donc l’interdit ultime, le tabou absolu car associé à Satan. Les rousses seront associées aux putains comme la Nana de Zola et l’Yvette de Maupassant. En 1254, une ordonnance du roi St-Louis fait obligation aux prostituées de se teindre les cheveux en roux pour bien se distinguer des femmes « respectables ». Le désir sexuel est une variante de la peur qu’elles inspirent, l’autre versant de la fascination, conclut Stéphane Rose. Selon lui, et j’abonde largement, elles possèdent un esprit libre, plus guerrier que la moyenne et il existe une psychologie de la rousse, très singulière, forgée par la différence. Sans doute ont-elles été habituées enfant à se défendre, à affirmer leur singularité, à ériger en fierté, ce qui pouvait entraîner des sarcasmes… Nul doute qu’au final, elles incarnent l’éternel féminin, un idéal de beauté. Rose termine : Le contraste de leur peau très blanche avec leur chevelure incandescente, pousse à la contemplation à laquelle s’ajoute un indéniable parfum de mystère. En réalité, on ne les possède jamais vraiment, elle nous échappe toujours un peu, soupire l’auteur. Alors, dit-il en songeant sans aucun doute à sa future : Pourvu qu’elle soit rousse ! »

En discuter pendant 400 ans !

Persécuter une femme parce que ses cheveux évoquent l’enfer… Voilà une besogne tout à fait indiquée pour notre sainte mère l’Église catholique universelle ! Pas un pape, sinon selon certains Grégoire VII, n’a levé un petit doigt pour changer quoi que ce soit à cette folie furieuse, sinon de plates excuses insignifiantes formulées du bout des lèvres par Jean-Paul II en juin 1995. Après tout, leur Dieu est un homme ! Mais comme leur Dieu est invisible à tous, il en fallait un bien visible et Jésus devint le candidat idéal… par la peau des dents. Frédéric Lenoir explique[6] :

« Le concile de Nicée, en 325, n’avait pas du tout été convoqué par Constantin pour faire le tri dans les Écritures et proscrire les apocryphes, mais pour répondre à la crise de la doctrine de l’arianisme. À cette époque, un certain Arius d’Alexandrie[7] affirmait que le Fils de Dieu, la deuxième Personne n’était pas à l’égal du Père. Un certain nombre d’évêques se sont dressés contre lui et la querelle a enflé. Constantin a convoqué le concile de Nicée afin d’obliger tous les prélats à s’accorder. Le concile aura duré, tenez-vous bien… 400 ans ! » 

L’éternel Féminin sera-t-il un jour réhabilité ? Verra-t-on un jour un enseignement visant à démontrer que Dieu est Homme et Femme à la fois ou Yin Yang comme le dit depuis toujours la doctrine taoïste ? Françoise Gange dans le livre Les Dieux Menteurs cherche cet éternel Féminin depuis des lunes. Elle s’inspire d’un ouvrage pour le moins contesté et effectivement contestable, mais dans l’ensemble, ce qu’elle dit est fort intéressant. Dans ce fameux livre[8] on découvre qu’avant :

« Ève, la première compagne d’Adam s’appelait Lilith et que celle-ci, constatant qu’Adam voulait la dominer – l’Alphabet de Ben Sirah précise, dans une image très symbolique, qu’Adam en faisant l’amour ne concevait que la position « dessus ». Lilith ayant la position « dessous » – s’est rebellée contre lui. Le mythe dit que refusant de se soumettre à lui, elle a demandé des ailes pour s’envoler du paradis, ce qui lui a été accordé par des anges. Exit donc Lilith du paradis où Adam demeure seul. Il pleure en direction du Tout Puissant, se lamentant du départ de la femme rebelle et demandant une autre compagne. Le Dieu Père l’exauce, modelant pour lui Ève, qu’il tire de l’une de ses côtes et qui symbolise la femme dépendante et inférieure à l’homme. »

Quand Dieu était Femme

L’humanité est passée de la polarité féminine à la conception du divin Masculin il y a suffisamment longtemps pour qu’aujourd’hui l’éternel Féminin soit mort et enterré. Mais à l’époque de Sumer, Françoise Gange fait valoir que toutes les sociétés gravitaient autour d’un divin Féminin et de valeurs toutes autres que patriarcales :

« Il y avait de très belles notions de partage, d’échange, dans une ambiance de respect et de fraternité entre les différents éléments qui constituent le vivant. La nature y est respectée et vénérée comme étant la création de la Mère, aimante et nourricière. Plus loin, elle soutient que ce culte de la Mère vénère la danse, la musique mais aussi la chair, car dans les Temples on y pratique l’union sacrée du principe féminin et masculin. La notion de péché n’existe pas. C’est d’ailleurs ce que fait ressortir cet ancien rituel de hiérogamie[9] pratiqué par le personnage Saunières dans Le Code Da Vinci et qu’interprète Sophie comme des gestes obscènes lorsqu’elle a vu son grand-père s’y adonner. »

La chercheuse indique que partout dans les îles de la Méditerranée on suit ses traces.

« À Malte, Chypre ou en Crète… on peut encore y voir les vestiges des grands temples de la Déesse, de forme ronde, trilobée et vus d’avion, certains (à Malte en particulier) ont la forme des Vénus paléolithiques, aux hanches gonflées, généreuses… On a retrouvé en Anatolie (Turquie), des salles souterraines dédiées à l’accouchement sacré. À cette époque, tous les hommes sont les « fils de la Mère », l’homme est associé à la douceur, au plaisir, goûtant notamment ceux de la chair. Il participe à la vie du temple, y est vraisemblablement danseur, musicien. »

Au nom du Père, de la Mère et du Fils !

Dieu n’est pas plus un homme qu’une femme, Dieu n’a pas de sexe. Ce serait grotesque et infiniment réducteur de penser de la sorte. Le fait de prêter un sexe à l’Être Suprême vient du fait que nous, les êtres de chair, sommes divisés en deux sexes. De tout temps, les créateurs de religions à Dieu unique ont pris la décision de faire de leur Dieu un homme, donc un mâle, en lui décernant le titre de Dieu le Père et en lui prêtant le comportement approprié des pères de l’époque : celui d’être primitif, intransigeant colérique et sans pitié. Ne dit-on pas Au nom du PÈRE du FILS et du SAINT-ESPRIT ? Mais, elle est où la Mère dans tout ça ? Certes pas Marie, c’est à peine si son Jésus lui adressait la parole.[10]

Dans son ouvrage remarquable, Le Livre de l’Amour, l’écrivaine irlandaise Kathleen McGowan soulève l’hypothèse que l’Esprit Saint soit en réalité le principe Féminin, la Divine Mère, et c’est plus qu’une hypothèse à mes yeux. Il ne faut pas s’en étonner. Au nom du Père de la Mère et du Fils n’a-t-il pas une résonance plus profonde selon vous ? Dans la Bible, le Saint-Esprit se manifeste tout autant dans l’Ancien que le Nouveau Testament. Il y est alors suggéré qu’Il est dans un premier temps une personne et non pas une énergie quelconque, un principe ou un symbole, il s’agit bien d’une personne. Elle est différente du Père et du Fils et forme avec eux, le seul Dieu chrétien, soit le concept de la Sainte Trinité, complexe et confus à souhait, sorte de pirouette ecclésiastique mise au point au premier concile de Nicée et qui devient donc comme pour bien d’autres aspects majeurs de cette religion, une affaire d’hommes, entre eux ! Et comme cela se produit souvent, l’Église entre alors en guerre… avec elle-même.

Lorsque Charlemagne changea un mot ou deux dans le libellé concernant l’Esprit Saint, le Pape Léon III n’en décoléra pas au point qu’en 1054, ce sera le Grand Schisme d’Orient[11] dont la cause est mieux connue sous le nom de querelle du filioque. Puis, toujours en raison de l’Esprit Saint, dont personne ne parle jamais soit dit en passant, il y eut évidemment la très bienvenue Réforme de Luther et plusieurs autres schismes qui donnèrent naissance à l’Église anglicane, protestante, orthodoxe et à de nombreuses confessions chrétiennes plus modernes surtout aux États-Unis, soit le système épiscopalien, le pentecôtisme et ici, chez nous, les baptistes évangélistes, mais aussi le renouveau charismatique. L’Église prétend que l’Esprit Saint est le Souffle de l’Église et c’est pourquoi l’étude du Saint-Esprit porte le nom de pneumologie.

L’Esprit sainte ?

Le personnage de McGowan est membre d’un ordre secret vénérant Marie-Madeleine comme étant l’Épouse sacrée de Jésus, mais son cheminement prend une tout autre direction lorsque dans une vision extatique, elle voit le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce dernier sous les traits d’une femme magnifique à l’abondante chevelure rousse. Avec ses amis évoluant dans les cercles occultes du Vatican, elle cherche la vérité et découvre que l’Église considère la plus abominable des hérésies celle voulant que l’Esprit soit une femme, ou à tout le moins le principe Féminin. Cette réaction violente de l’Église est un bon indicateur que c’est la direction à suivre. Elle prend conscience que pneuma en grec signifie le souffle, un élément masculin sauf dans la langue des Hébreux et en araméen, les langues vivantes de l’époque biblique où pneuma a un sens… féminin. Les gnostiques, dont sans aucun doute les esséniens, voyaient l’Esprit Saint comme Sophia, l’entité qui incarne la sagesse féminine, donc une déesse et dont le symbole était une colombe. L’Église ne l’aurait pas vu venir celle-là, puisque son choix pour le Saint-Esprit fut également une colombe. Plus tard, elle se rend compte que l’allusion de l’apôtre Jean à l’Esprit Saint en fait une entité masculine, mais uniquement dans sa version grecque ! Or, tout chercheur sérieux qui veut étudier à fond les écrits anciens doit le faire dans le texte, et dans ce cas-ci, en hébreu et/ou en araméen. Même Mel Gibson a compris cela  ![12]

En grec, le verset 16-17 dans Jean 14 est : En mon nom le Père enverra le Consolateur, qui est le Saint-Esprit et il vous apprendra… alors que sa version originale était : Mais Elle, l’Esprit, le Paraclet, mon père l’enverra en mon nom et elle vous apprendra… Notez bien qu’il ne s’agit pas d’un texte rejeté par l’Église, mais de l’original du texte de l’Évangile de Jean secrètement dérouté pour en favoriser sa version grecque et devenir la version officielle en latin de la Vulgate de Jérôme. Quant au rôle exact du Paraclet, il est défini comme un rôle d’intercession entre le Père et les humains. McGowan ne tarde pas à conclure qu’il s’agit là d’un rôle typiquement féminin, voire maternel. Elle souligne que dans un tel cas de figure il suffit de lire Isaïe dans l’Ancien Testament qui ne cesse de parler de Dieu comme d’une Mère. Puis coup de grâce, Esprit Saint, toujours dans le texte, donc en hébreu, langue nous ramenant à l’Ancien Testament, se dit ruach qui est masculin, mais en araméen, langue de Jésus, cela devient ruacha et c’est un nom féminin. En quelques autres endroits McGowan fait alors ressortir que Ruacha en tant qu’Elle, est bel et bien féminine et que l’Esprit Saint étant une Personne, alors il n’y a plus à hésiter un seul instant dit-elle. Si Jésus est l’incarnation du Fils, alors Marie-Madeleine, son Épouse sacrée, est l’incarnation de la Ruacha : l’Esprit Saint. La Mère ! On ne verra les cardinaux s’énerver là-dessus que lorsqu’il y aura des cardinales, autant dire jamais !

Oui, la Divinité Suprême est à la fois le principe Mâle ou Yang et le principe femelle ou Yin. L’Unique est à la fois Il et Elle et le Divin Fils pour former cette Trine Divinité. Alors, en parlant de Dieu, je le fais, non comme d’une femme, mais en évoquant son aspect Féminin grandement négligé, je vais donc parler de la Divine Mère ou de la Déesse Mère. Je lui dois bien cela pour tout ce qu’Elle a fait pour moi depuis ma Naissance en tant qu’Esprit. Vous aussi non ?

Je termine en rappelant que n’étant plus théiste au sens traditionnel du terme, mais déiste, je ne réclame pas la fin du divin mâle. Mais un point est non négociable, les chrétiens les plus endurcis croient dur comme l’airain qu’un jour le Sauveur reviendra sur une nuée avec ses anges pour juger les hommes. Moi, je ne serais pas surpris si les anges n’avaient pas d’ailes et que la Nuée soit plus solide qu’un banc de brume. Je ne serais pas surpris si le Sauveur avait des rondeurs et un magnifique sourire illuminant son visage ! Pas un sourire de Sainte-Vierge, Dieu m’en garde, mais… un sourire de femme à l’abondante chevelure de feu !


[1] À tout le moins selon la version de leur fondamentalisme intégriste.

[2] La chasse aux femmes fut ouverte très tôt et avec ce qui se passe dans certains pays, elle n’est pas terminée de toute évidence.

[3] Particulièrement du début du Moyen-âge à la fin de la Renaissance.

[4] L’Ultime Gardien de Carlo A Martigli. Éditeur First. 2010.

[5] Le Marteau des sorcières. 1669.

[6] La Parole Perdue. Frédéric Lenoir et Violette Cabesos. Éd. Albin Michel. 2011.

[7] J’en parle abondamment dans Les Divergents.

[8] L’Alphabet de Ben Sirah. Probablement écrit vers l’an 1000.

[9] La hiérogamie est le mariage Sacré entre un dieu et une mortelle ou entre âmes sœurs. Il exclut le rituel reconnu par les hommes, les religions et les lois en vigueur, il peut donc être célébré secrètement.

[10] La Sainte Vierge Marie est un culte strictement catholique et non chrétien. Le fait de lui donner le titre de Sainte lui enlève dès lors le statut de Mère de Dieu. En définitive, vierge ou pas, Marie est la mère de Jésus et l’Église en a fait une sainte femme. Ce concept n’a donc rien à voir avec la Déesse Mère qui de toute manière est un concept qui remonte à la préhistoire.

[11] À ne pas confondre avec le grand Schisme d’Occident survenu en 1378.

[12] La Passion de Mel Gibson. Le film a été entièrement tourné en Araméen. 2003

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Les religions, c’est assez !

Le Christ est le chef de tout homme et l’homme est le chef de la femme ! Voilà une affirmation connue pour être celle de Saint-Paul dans un texte sacré extrait du Nouveau Testament. Quand même ! À ne pas citer lors d’un mariage ! Mais bien au-delà, les prétentions religieuses sont intolérables et n’ont rien de divin ou de céleste et pourtant on les subit depuis plusieurs milliers d’années.

Les religions, sans aucune exception, n’ont aucun fondement réel, pas plus que contes, légendes et mythes. Pas plus Thor, Hercule, Osiris, Jésus, que Moïse ou Abraham, n’ont existé sur le plan historique et l’historicité des récits musulmans est douteuse.

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2 réponses

  1. Passionnant de vous lire, et c’est tout naturel de penser que féminin égale création, on dit la nature, celle qui crée la vie autant les arbres et les plantes que l’humain.

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  2. Monsieur Casault je viens de lire un article de Sébastien Bourbon qui parle d’un des secrets du Vatican ou il est question de la « matrice divine » d’un pouvoir surnaturel du cerveau humain, il y parle de Max Planck et de Gregg Baden. Je l’ai partager sur ma page si jamais.

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