Puis tout bascule (article 6)

Crédit pour le montage graphique : Éric Dorion

L’amour de sa vie : un petit bonhomme de 10 ans

Dion s’amourache d’une femme dans la trentaine, mais elle est physiquement inaccessible. Étonnamment, son obsession va se transmuer et c’est alors qu’il va tomber amoureux d’un petit bonhomme d’à peine 10 ans. Il ne cherche pas à nous faire pleurer, à nous convaincre de quoi que ce soit, mais il en parle comme on le ferait, vous et moi, pour raconter notre histoire romantique à souhait avec celle ou celui devenu l’amour de notre vie. Mais lui ne parle pas de petits rendez-vous secrets, de gestes intimes et chaleureux, de petits becs à la sauvette ou de dîners langoureux. Il parle de fellation et de sodomie qu’il place au sommet de tout. En réalité, pour Léo-Paul Dion, tomber en amour, c’est avoir du sexe d’enfer et rien d’autre et de toute manière, se demande-t-il, que peut-il y avoir d’autre dans la vie ? « Il était joli. Ah ! qu’il était joli, j’en avais une faim épouvantable et le petit m’adorait et il faisait tout ce que je lui demandais. Tout. »

Notez ici « le petit m’adorait ». Il est incapable de lire la peur, de la ressentir quand elle provient de ses victimes parce qu’il croit que, nous, lecteurs, on va le suivre dans cette idée qu’un garçonnet de 10 ans aime se faire sodomiser par un énorme gaillard de 40 ans ! Lorsqu’il le fait pour la première fois, il écrit une phrase qui ne sera pas reproduite ici, tant elle est odieuse, mais il s’étonne de n’avoir aucune difficulté à le sodomiser. Il dira à la fin : « Ça ne lui faisait rien et il ne disait rien, parce que je lui disais que j’aimais cela. » Pauvre fou, oui l’enfant le faisait sans rien dire, parce qu’il était terrifié au-delà de tout entendement, ce que Dion n’aurait jamais compris.

Quand l’animalité supplante l’humanité

Suite à une dénonciation, Dion et son petit ange comme il l’appelait, furent séparés et Dion ne l’oubliera jamais, rêvant de lui, jour et nuit. Mais dans son cas, la peine d’amour que nous savons être plutôt une peine de sexe se transforme en rage et en haine à son endroit. Il écrit alors qu’il se mit à rêver d’actes sexuels avec des enfants de 8 ans et qu’il décrit comme des fantasmes. Ce texte ignoble s’étale page après page, se vautrant dans le cannibalisme et la torture. Je l’ai lu comme tout le reste, et je lis aussi du Maxime Chatham, un romancier très noir avec des descriptions hallucinantes, mais fictives, alors que là, je lis la description détaillée de ce que cet homme voulait faire à un petit bonhomme de 10 ans. Le frisson de dégoût n’est alors pas fictif non plus. On a beau dire qu’un fantasme peut exister tant et aussi longtemps que l’acte n’est pas consommé, mais on manque de mots pour qualifier l’immondice qu’est un homme de 40 ans capable de fantasmer sur d’aussi abominables gestes envers des enfants.

L’amour pour son petit ange se transforme donc en une haine féroce croyant que le petit avait d’autres amants qu’il affectionnait plus que lui. Il manifeste une jalousie pure et morbide, car maintenant dans ses fantasmes avec des enfants de 8 ans, la vedette est son petit ange devenu un démon, c’est lui qu’il veut torturer par une activité sexuelle complètement déjantée. Des phrases pénibles, voire insoutenables, défilent sous mes yeux et on découvre aussi un phénomène qu’il ne comprend pas et qui devient à ses yeux son vrai problème.

Il confie que dans ces rêves éveillés, il perd son érection si la torture n’y est pas. C’est donc que l’escalade se poursuit, le monstre grandit. Ma lecture des premières lignes de ses écrits se passait relativement bien, je savais que je ne lisais pas un conte de Perrault, mais le véritable témoignage d’un être ayant existé. Tout au cours des pages qui vont me mener à la fin du manuscrit, combien de fois suis-je tombé sur cette nouvelle réflexion qui n’y était pas au début. « Mais là je me suis arrêté, je n’avais plus d’érection, il me fallait faire autrement ou autre chose… » Quand le sexe ne suffit plus, la faim de l’ogre devient autre, frise le cannibalisme, le vampirisme et c’est l’appel du sang, une situation que nous verrons à l’article 10, dans des proportions tout autres, mais similaires.

Dans son cas, lorsqu’il ressent un désir sexuel qui ne peut être assouvi, parce qu’insuffisant, et qu’un désir de violence s’impose comme supplément, il se métamorphose, comme sous l’emprise d’un charme maléfique, en un monstre dont tout ce qui constitue la conscience est entièrement dominée par des instincts de plus en plus en plus hideux. Monsieur Hyde supplante alors à ce point le docteur Jekyll, qu’il ne redeviendra plus jamais ce dernier !

Mais comme nous le verrons plus loin, la prédation sexuelle existe dans la nature, un indice alors sur qui est en charge et cette donnée est fondamentale dans le pourquoi du Mal !

J’utilise le terme d’animalité non par référence à l’animal que Dion est devenu, ne serait-ce que parce que nous sommes tous des animaux au départ. Nous ne sommes ni des anges ni des robots ! J’utilise plutôt le mot animal pour décrire l’humanité qu’il n’a plus. Ce n’est pas errer en science que d’affirmer que l’intelligence ne fait qu’accentuer les déviances au lieu de les amoindrir comme on pourrait le penser !

Ce qui le fera tomber

Ce qui constitue le cœur de la suite de cet article est d’après Dion, l’exacte vérité, faisant allusion à des informations fausses selon lui qui auraient été mentionnées au procès. Nous sommes en 1940, il est avec son frère, revenant de la chasse et marche sur une voie ferrée à Pont-Rouge. Une femme au loin se dirige vers eux. Dion veut du vrai sexe et il en veut au-delà de toute censure, de toute logique et de toute autre considération. Il y a là-bas une femme seule, alors pas de problème il aura du sexe. C’est aussi simple que cela. Son frère semble disposé à cela aussi. Dion raconte alors l’approche, fait ses demandes et finalement devant le refus très clair de la femme de leur céder, ils vont l’entrainer dans le petit bois aux abords de la voie ferrée et la violer, l’un après l’autre. Consciente du danger pour sa vie, elle cessera de résister et ils la laisseront partir sans violence.

Ce qui est à retenir à ce point de son histoire est encore une fois la banalisation du geste. On ne viole pas une fille à deux pour la laisser partir sans se demander si elle ne va pas les dénoncer, d’autant plus qu’ayant déjà fait de la prison, ayant déjà été accusé de tentative de meurtre, Dion risque très gros. Est-ce que dans sa tête il l’a juste un peu forcée ??? Pas grave, elle ne dira rien ? Il n’en parle pas. Mais il est évident qu’il a été extrêmement malhabile sur ce coup-là, car son frère Roland lui, a parlé ! Dion fut arrêté et au procès, la plaignante va se présenter du haut de ses 37 ans. Ce n’est pas une prostituée, elle n’a rien fait pour attirer son attention, attiser son désir et elle jure en elle-même que ce salaud va payer !

La société exige de la justice qu’il soit sévèrement puni et avec raison. Mais pas un mot sur un éventuel traitement qui, à ce moment-là, n’existe pas et de toute manière, est-il trop tard ? Il retourne à la prison de Québec, puis à St-Vincent de Paul où il recevra dix coups de fouet, mais surtout… une sentence à vie. Vous avez bien lu !

23 ans chez les serins et les castors

Léo-Paul Dion passera les 23 prochaines années de sa vie à jouer au serin et au castor. Je découvre ces expressions que j’ignorais, pour apprendre qu’en prison à cette époque, dans un pénitencier les mots fif ou fifi ne sont jamais utilisés, veut-il préciser. « Tu es un serin qui fait la femme ou un castor qui fait l’homme. » En général, les plus jeunes et surtout les nouveaux arrivés sont les serins. En 1959, on le fait transférer à Kingston où la musique est différente, mais où les instruments sont les mêmes ! Des années durant, le sexe infernal est quotidien.

Puis on libère un homme devenu un monstre parce suffisamment puni selon la Loi. Faute de traitement évidemment. Léo-Paul Dion est libéré après 23 ans de détention, le 21 septembre 1962. Mais à quoi donc a-t-elle servi cette incarcération ? « À nous protéger ! » répondra le Législateur. Ah bon ? Et les quatre enfants qu’il va tuer sous peu ne comptent pas eux ? Et le monstre qu’il est devenu plus que jamais, dans cette espèce d’enfer exécrable, on en a fait quoi ? Le Législateur est froid, impersonnel et indifférent aux termes extrémistes comme monstre ou sadique. Il répondra : « Il a fait son temps, il a payé sa dette, il est libre ! » La Justice n’est pas dite aveugle pour rien, en tout cas, elle est sourde ou parfois carrément idiote ! N’ayons pas peur des mots, on a libéré un monstre, mais c’est nous qui l’avons créé, nous avons tout fait pour qu’il naisse plus puissant et plus dangereux que jamais auparavant, voilà ce que nous avons fait, sans le savoir, ni le vouloir bien sûr, mais cela demeure notre fait. Sorti de prison, le monstre a refait surface et il a martyrisé puis tué froidement quatre petits enfants !

Au début de sa libération, Dion erre dans la ville à la recherche de jeunes prostitués mâles qu’il trouve aisément et s’en repaît goulument. En rencontre sur son sujet, Guy Bertrand et moi sommes surpris de voir avec quelle facilité un prédateur sexuel de jeunes proies mâles puisse en trouver autant dans ces années-là. J’étais de l’âge de ses victimes, mais je n’ai jamais connu ou même entendu parler de gars de mon âge se livrant aussi aisément à cette prostitution juvénile dont Dion parle, comme si ça courait les rues. Je connaissais ma ville, la Haute comme la Basse. Et Guy n’en garde pas non plus ce souvenir. J’ai donc effectué plusieurs démarches auprès de spécialistes de la question, incluant les organismes qui ont vu le jour après la célèbre Affaire Scorpion à Québec, pour évaluer la situation de la prostitution juvénile mâle dans les années 60 à Québec. Chou blanc, même les personnes impliquées dans l’aide aux jeunes n’ont pas réussi à m’aiguiller dans la bonne direction. Finalement, un article récent en dit peu, justement comme il s’en plaint, par manque d’études sur la prostitution juvénile au Canada. En voici un court extrait.

Les recherches sur la prostitution chez les adolescents et les enfants sont peu nombreuses, mais l’ampleur de ce phénomène est de plus en plus un sujet de préoccupation pour la population. D’après des estimations non officielles, beaucoup de prostituées qui travaillent dans la rue et dans les autres endroits publics sont mineures. Les statistiques de la police indiquent pourtant le contraire : moins de 5 % de ceux qui sont accusés de se livrer à la prostitution seraient des jeunes, et sur ce nombre, plus de 80 % seraient des femmes. Le manque d’information sur les clients, les proxénètes et l’industrie du sexe elle-même fait ressortir la nécessité d’étudier la question de façon plus approfondie[1].

Dion essaie alors la séduction, mais sans succès, particulièrement lorsqu’il tente de reproduire son petit ange ! Contrairement à ses rêves morbides et violents, Dion ne force personne et ne viole personne. Pas encore. Tant que sa faim est assouvie grâce aux prostituées, tout va ! Mais c’est là où se terre le vrai problème, il a de plus en plus faim et en devient obsédé, il s’essaie constamment, et devant l’impasse, utilise son intelligence pour raffiner le processus ! Fini les prostituées. Il veut retourner aux jeunes mâles. Très jeunes !

Il utilise la photographie, le plus classique des leurres du temps, qu’aujourd’hui les pédophiles et prédateurs reproduisent de manière similaire sur Internet. Armé d’une caméra, sans aucune pellicule à l’intérieur, il part en chasse comme le prédateur expérimenté qu’il est. Ce sont alors des pages et des pages de descriptions redondantes de frénésie sexuelle, heureusement sans lendemain dramatique, qui s’étirent, mais un jour, il rencontre un petit bonhomme qui n’était pas sans lui rappeler son petit ange. Il se jette sur lui, en abuse jusqu’à plus soif et malgré ses supplications, il le tue, en l’étranglant. C’est Guy Luckenuck, un petit bonhomme de 12 ans. La première des quatre victimes de celui qu’on appellera désormais le monstre de Pont-Rouge.


[1] Frances M Shaver, octobre 2011 sur le site thecanadianencycloppedia/prostitution)

Prochain article (7).  Dion franchit le 7e cercle de l’Enfer de Dante !

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Catégories :Le Mal

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4 réponses

  1. Je ne sais pas comment on va faire, mais notre système de justice a depuis longtemps besoin d’être réinventé !

    Aimé par 2 personnes

  2. Le système qu’il avait dans ses années là,les personnes allait en prison points on ne s’occupait pas du mental de la personne et en prison sa forge le mental à aller plus loin et Dion était un de ceux là il à eu6 tout le loisir à pensée se qu’il ferait en sortant de prison car ses pulsations devant encore plus fort sexuelle

    Aimé par 1 personne

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