D’autres bons diables dont Baphomet (article 20)

Crédit pour le montage graphique : Éric Dorion

Le statut de Baphomet ne tient qu’à celui que lui auraient donné – l’usage du conditionnel s’impose – les célèbres Templiers. Mettons les faits dans le contexte. Ces derniers, tourmentés puis torturés par Philippe le Bel, Roi de France au 13e siècle, et qui vont disparaître laissant derrière eux le mirage d’un trésor fabuleux introuvable ou inexistant, sont entrés dans la mystique chrétienne par la porte du Temple de Jérusalem, alors qu’ils étaient seulement neuf. Avec le temps, et des circonstances nébuleuses aidant, ils vont devenir les banquiers des Rois et seront à ce point riches et dès lors gênants, que la croisade de Le Bel à leur égard ne sera pas étrangère à cette situation. Mais pour les confondre, il fallait bien inventer quelques horreurs les concernant, particulièrement dans le cas de leur chef, Jacques De Molay. L’une de ces accusations était d’adorer le Diable, mais un Diable bien particulier qui porte le nom de Baphomet. Difficile de ne pas être le Diable quand on est décrit de la sorte : de forme humaine avec une face et des cornes de bouc, immenses, des seins de femme et des ailes noires.

Baphomet

Ainsi donc, ne sachant pas tout sur les rituels islamiques, on croit que Mahomet est devenu Baphomet, et si on en a fait un bouc ridicule, c’est qu’au Jugement Dernier nous serons séparés du troupeau de brebis, que sont les gentils, des méchants que sont les boucs. À Paris, dans le 4e arrondissement, j’ai pu noter la présence d’une face de Diable sur le portail de l’église de Saint-Merri et qui serait celle de Baphomet.

Est-il important ? Si vous croyez comme moi que les Templiers ont été soumis à la torture pour admettre n’importe quoi alors on peut s’en passer, mais sa représentation en images par contre est vraiment celle qu’on se fait le plus souvent du Diable.

Ialdabaôth

Le lecteur va découvrir ici une nuance très importante entre le Diable traditionnel et Ialdabaôth. Lucifer est une entité qui agit contre Dieu, alors qu’Ialdabaôth (ou Yaldabaoth) serait beaucoup plus que cela : il serait Un Dieu du Mal à l’égal du Dieu du Bien, une thématique qui existe également chez les Perses anciens. Il y a donc ici une scissure fondamentale dans la conceptualisation du Diable et de Dieu. D’une part, le bon Ange déchu qui devient méchant et déteste les hommes versus un Dieu aussi puissant que Dieu, mais qui serait l’artisan universel du Mal ou du Chaos.

« Le démiurge Ialdabaôth est une divinité archangélique, têtue, irascible, qui est la cause du Mal par sa création désastreuse qui mêla la matière à l’étincelle divine », nous dit André Wautier le plus grand spécialiste de la gnose. Cela dit, cette croyance n’est plus répandue, s’étant effacée avec le gnosticisme lui-même à l’époque poussé par les Cathares qui furent tous massacrés pour l’avoir fait. Il en va de même avec le Zoroastrisme perse. Ce concept n’est donc pas très connu dans le monde occidental. Bref, il n’existe actuellement aucun courant religieux qui maintient cette croyance d’un Dieu du Mal. Ce n’est certes pas moi qui vais la revigorer.

D’autres bons diables !

Samaël, vu dans le portrait de Lilith est apparemment le véritable nom du Satan. D’après les rabbins exégètes qui examinent à leur manière les textes de la Bible, dont le Pentateuque, il est le vilain Serpent de la Genèse et ô surprise, le véritable père de Caïn. « Il fut également l’adversaire mythique de Moïse, dont l’archange Michel lui disputa le cadavre. Il est aussi appelé le chef des Dragons du mal. »[1] On en découvre des trucs quand on lit ce que l’Église interdisait depuis des siècles !

Belzébuth

Ce dernier est le Seigneur des Mouches, un démon provenant de sources sumériennes à qui on donne le nom fameux de Enlil dont j’ai tracé un portrait dans mon livre Il était une fois des humais… et des extraterrestres. Il porte aussi le nom de Bel. J’ai emprunté ce nom pour ma perception de Celui qui m’a visité un jour. Oh ce fut très court, une ou deux secondes, mais très intense. Et il n’a rien à voir avec la gueule de Baphomet, une fille aurait même ajouté qu’il est beau gosse !

Méphistophélès

Il n’est pas un véritable démon, mais une créature imaginaire qui nous vient de la Légende de Faust de l’écrivain Goethe. Cela m’emmène à rappeler que, dans notre inconscient, le Diable s’est installé et meublé confortablement, non pas uniquement à partir des enseignements de l’Église et des mythologies, mais depuis des sources littéraires imaginaires, comme la Fée Morgane versus Merlin, ce qui renforce son existence ou à tout le moins l’insistance qu’on donne à penser qu’il existe sous cette forme humaine.

Apophis

Il y a de fortes chances qu’un certain nombre d’entre vous se disent, « Je le connais celui-là, je ne me souviens plus, mais je le connais ». Apophis est le nom d’un méchant dans la fameuse série Stargate de Roland Emmerich et qui date de 1994. C’est aussi un nom qui revient souvent dans les jeux en ligne, ce qui, vous l’aurez compris, en a fait un personnage plus que populaire. Mais dans la vraie vie, celle du grand mythe égyptien Apophis est nul autre que le dieu du Chaos. Il est constamment opposé à la création opérée par le dieu Râ, connu aussi sous le nom de Rê, Khépri ou de Atoum, le créateur de l’Univers, donc en quelque sorte le Dieu de l’Ordre !

La mythologie égyptienne n’en est pas une de banlieue. Elle se range parmi toutes celles qui forment ce qu’on pourrait appeler la Ligue majeure des dieux et déesses de l’humanité tout entière depuis des milliers d’années. Je la préfère, et de loin, à la mythologie grecque et nordique. L’influence d’Alexandre le Grand, puis évidemment celle des Romains sous Jules César et puis finalement les pressions extrêmes exercées sur ce peuple, autant par les musulmans que par les chrétiens, ont fini par élaguer l’Arbre de la Mystique égyptienne. Vont subsister par contre des cultes puissants comme celui d’Isis auquel l’Église, pour l’occulter, va lui voler tous ses attributs pour en faire sa propre Reine du Ciel, la Vierge Marie bien sûr.

Qu’à cela ne tienne, la mythologie égyptienne est résiliente dans l’imaginaire, la littérature et l’industrie du cinéma. Ce qu’on en retient est compatible avec toutes les autres grandes mythologies : une lutte constante entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, l’Ordre et le Chaos, lequel, on le verra, se distance par rapport à la notion morale du Bien et du Mal.

Râ est évidemment le dieu suprême représenté par le soleil qui, chaque matin, combat les ténèbres malgré les attaques d’Apophis pour le tuer. Ce dernier est particulièrement retenu dans le processus visible par les humains, lorsque, soudainement en plein jour, une force mystérieuse attaque le soleil et l’obscurcit, l’éclipsant totalement pour quelques instants.

Un aspect qu’on ne retrouve pas dans le mythe Luciférien, aucun démon, fut-il Satan ou Belzébuth n’a jamais soutenu Dieu dans son Œuvre. Ce qui s’explique sans doute par le fait que, tout comme démontré dans cette série, le Dieu judéo-chrétien se comporte plutôt à l’inverse des autres et devient le complice du Diable par ses exterminations sans fin de la race humaine qu’il semble détester à un point tel que je demande encore qui est Dieu et Diable dans ces récits bibliques.

La grotesque démonologie

Sortie de tant de sources anciennes et variées, existe aussi la démonologie et nous devons à Thomas d’Aquin, en 1272, son Traité sur le Mal qui n’est certes pas étranger à l’accumulation d’informations toutes aussi hirsutes que parfois grotesques sur le Diable. N’oubliez pas que les chrétiens, qui se sont laissés imposer la pensée augustinienne sur l’horreur qu’est le sexe provoqué par le simple corps d’une femme nue, ont même fait de l’onanisme un geste coupable aux yeux de Dieu. Inutile de dire alors que de nombreux théologiens n’attendaient que cela pour établir que tout acte de sorcellerie exercé par les femmes devait être attribué au Diable, ce que papes et cardinaux approuvèrent derechef. « Or, avant le 12e siècle, personne ne s’intéressait au démon ou au Diable ».[2]  

C’est donc de la démonologie que vient l’historique très élaboré de ces démons dont le nom n’apparaît parfois qu’une seule fois dans les Saintes Écritures, mais que des auteurs, pressés d’en découdre avec le Malin, se sont empressés de décrire avec moult détails horrifiants, en faisant des monstres aux pieds fourchus, se nourrissant d’enfants et exigeant des rituels avec des cierges noirs fabriqués par nuit de pleine lune avec la graisse de ces derniers. Nos petits conspirationnistes du Web n’ont rien inventé. Tous les traités de sorcellerie qu’on disait utilisés par les femmes, comportant des détails du genre, sont à l’origine en grande partie du massacre de ces femmes par la Sainte Inquisition.[3] Dans les faits, la sorcellerie pratiquée en ces époques lointaines n’était rien d’autre que ce que les adeptes actuels de la Wicca enseignent. Historiquement, ces sorcières ont été les ancêtres de la pharmacologie et de l’herboristerie, fort douées pour concocter de nombreux mélanges savants et parfois complexes. Ajoutons à cela la fabrication très répandue de poisons très performants, ce qui a contribué à leur mauvaise réputation.

Les démonologues n’y allaient pas de main morte. D’après Richelmus de Schental, abbé cistercien de Wurtemberg au 13e siècle, le nombre de démons se situe dans les centaines de millions, mais attention, un comptable s’est joint à eux pour déterminer sans l’ombre d’un doute que les démons sont au nombre très exact de 133,306 668.[4]. Il sera contredit quelques décennies plus tard par Jean Wier qui va en dénombrer 44,435,556 qu’il va diviser en 666 légions sous les ordres de 66 princes. Quand j’ai pris connaissance que Pannethorne Hugues conteste le tout et propose 1,700,758,064,176 démons et que Martin Barshaus lui préfère 2,665,866,746,664 et Jean Oswald 14,400,000 démons, j’ai compris que la farce avait assez duré. Ce ne sont pas les rééditions récentes des livres de Gougenot des Mousseaux, Mœurs et pratiques des démons (1854), La Magie au dix-neuvième siècle, ses agents, ses vérités, ses mensonges (1860), Les Médiateurs et les moyens de la magie (1863), Les Hauts Phénomènes de la magieet Spiritisme antique (1864), ni les ouvrages (5 tomes) du Marquis de Mirville, Des esprits et de leurs manifestations diverses (1863), ainsi que ceux de Joseph Bizouard, auteur de Des rapports de l’homme avec le démon (6 tomes) (1863), qui vont me faire changer d’idée.

Des opinions tout au plus. 2,665,866,746,664 démons, non mais quoi encore ? Je peux très bien sortir à mon tour tous les bouquins d’Anne Rice, de Stephanie Meyer, de Lj Smith, de Kristin Cast, de Georgia Caldera et bien sûr Bram Stoker et proclamer que les vampires existent ou l’ouvrage percutant de Mary Shelley pour se mettre à chercher la créature de Frankenstein quelque part dans l’Arctique. En plus de ventiler tout le bestiaire du fantastique de J. K. Rowling, tant en littérature qu’au cinéma, et pourquoi pas des wesens chassés par les Grimms.[5] Avec tous ces autres démons et créatures infernales sorties tout droit de l’imaginaire de J.R.R. Tolkien on pourrait construire un Dictionnaire des affreux, bêtes et méchants qui servirait de matériel historique pour les générations futures. Ne perdons plus de temps.

Prochain article (21). Les Esprits mauvais, source-mère d’une autre réalité.


[1] Samael. Fred Skolnik et Michael Berenbaum. Encyclopaedia Judaica, vol. 17, Thompson Gale et Keter Publishing House. 2007, 2e éd.

[2] Demon. New Encyclopedia. Funk & Wagnalls. 2006.

[3] Au Moyen Âge cette croyance répandue par l’Église a trouvé preneur et causé la mort de dizaines de milliers de femmes déclarées sorcières.

[4] Alphonsus. Spina Fortalicium fidei. Strasbourg. 1460.

[5] Grimm, une série télévisée très populaire aux États-Unis.

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Il était une fois des humains… et des extraterrestres

Depuis l’anneau d’ambre lumineux, cette mystérieuse initiation survenue chez moi en décembre 1966, je révèle sans aucune retenue les arcanes de l’ufologie et de la métaphysique au grand public. Après 50 ans, je présente enfin ce que réclament tous mes lecteurs depuis longtemps : l’histoire commune des terriens et des extraterrestres.

Je tire mes sources de mes propres expériences, de mes travaux auprès d’autres expérienceurs privilégiés et de gens dotés de capacités métaphysiques. Il était une fois des humains et des extraterrestres. Nous nous sommes connus il y a près d’un million d’années, nous avons grandi, prospéré ensemble, puis, un jour tout a changé. C’est une relation complexe dont voici tous les tenants et aboutissants, les où, les quand, les comment et surtout les pourquoi! Retenez bien ceci : tout a déjà été dit, il n’y a jamais eu de secretsque de l’ignorance et surtout de l’indifférence.

Disponible en librairies, en bibliothèques ou peut être commandé chez l’éditeur ou Amazon.



Catégories :Le Mal

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2 réponses

  1. Drôle ce matin avec tout ces chiffres plus ou moins gonflés, c’est exactement ce que nous vivons avec le méchant virus et tout ces « cas » pour essayer de nous faire peur, ça marche pour certain et certaine.

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  2. Hum! Merci, je vais me coucher plus intelligente ce soir…

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